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*** Dalat, d'aussi loin que je me souvienne...

*** Dalat, d'aussi loin que je me souvienne...

De retour au Vietnam en 2007, J'ai pris une photo de l'Hôtel Palace ...







D'aussi loin  que je me souvienne....


Pendant notre enfance, nous allions souvent en vacances à Dalat  et étions logés à divers endroits.

Au tout début : Dans un hôtel du centre ville (*)
Nous descendions prendre le petit déjeuner tous les matins. Il y avait du bánh cuốn, ou du xôi lạp xuởng ( délicieux ) . Dans une boutique à proximité, nos parents nous achetaient des petits gâteaux secs appelés 'bánh gai "(?) , cela ressemble à des chenilles  au goût de pâte sablée meringuée.
Nous faisions des promenades. Les rues étaient souvent en pente, vallonnées. Je me rappelle qu'à un détour, j'ai vu des " hoa đào "- des prunus, aux petites pétales roses et fragiles. Un ravissement des yeux.

Nous allions au marché de Hoà Bình. Des "mận" prunes de Đà Lạt confits - que je n'appréciais pas. Les plus réputées sont les "mận" de Trại Hầm.
 Des femmes montagnardes aux pieds nus y venaient aussi, avec leur hotte et leurs bébés attachés contre elles.


Le groupe de maisons du personnel des chemins de fer (Nha Hoả Xa).
Des maisons en pierre meulière.
Grâce à bác Việt,  notre oncle par alliance, qui travaillait dans ce service.
Tous les jours, du 1er étage, garçons et filles, nous descendions dans la salle à manger, non pas par l'escalier, mais en glissant à califourchon le long de la rampe de l'escalier, bien lisse et bien vernissée !

Nous allions en Lambretta manger du "phở" dans un petit restaurant à la gare. La Lambretta ronronnait sur le chemin et prenait des passagers, rue Cô Giang, Cô Bac...
Nous traversions toujours un très grand domaine boisé. On nous disait que c'était le domaine de notre ex-roi Bảo Đại.

Une autre fois au Grand Hôtel Palace :
Vue imprenable sur le lac Xuân Hương. Il n'y avait pratiquement personne. La salle à manger était immense et glaciale. Plats européens, serveur habillé à l'européenne. Impressionnant et fastueux. Le Grand Hôtel semblait être laissé à l'abandon et peu prisé par les rares vacanciers de l'époque.

La maison rue Lý Thái Tổ.
C'étaient 2 maisons simples, identiques, situées dans la vallée. L'une d'elles appartenait à notre tante, bác Lộc, et notre oncle, bác Vĩnh. J'y ai rencontré une seule fois mon cousin anh Hùng, qui devait partir en France pour ses études universitaires. Je me rappelle qu’il scrutait la nuit noire avec une longue –vue (ống nhòm), cela m’impressionnait terriblement.  Avec chị Hạnh, nous avions chanté et dansé à côté des pompons de mimosa jaunes. Nous avions une photo en noir et blanc de cette époque. J'observais souvent ces arbustes au curieux feuillage argenté, car ça n'existait pas à Saigon.
Nous  chantions "Qua bến nuớc dưà " au lieu de  "nước xưa "...

Une marchande ambulante passait dans l'arrière de la maison et nous vendait du " Tàu hủ " bien chaud, dont la vapeur se dégageait de l’un de ses 2 paniers en palanche.

Je voyais souvent des montagnardes passer le long de la route. Une fois, je m'amusai à dire tout haut : "mọi cà răng căng tai ". La dame aux pieds nus que j'appelais "mọi "(sauvage) s'arrêta , et me dévisagea un moment, puis reprit son chemin. Je ne recommençai plus ce jeu malheureux.

Dans la maison d'en face, il y avait chị Năm. Elle était fière d'avoir travaillé avec des français. Elle savait faire des gâteaux "à la française". Je me rappelle ses gâteaux secs qu'elle appelait "bánh  cà la uắt":  C'étaient des petits carrés de pâte fine, on en incisait le milieu, on les  retournait, cela donnait la forme d'un noeud " cravate". Elle les faisait frire ensuite ; le tour de main, enfantin, m'a beaucoup amusée.

Le Père Eugène, du couvent des Franciscains, traversait la rue et descendait m'enseigner le français. Je faisais de la lecture tous les jours dans des petits livrets "Lettres de mon moulin " et autres choses...C'était répétitif et cela m'ennuyait un peu.

Tante Bác Cả emmenait ma petite soeur et moi, visiter les agriculteurs dont elle avait fait la connaissance. Nous traversions les champs et les plantations, nous prenions des raccourcis. J'observais leur petite maison en bois, dont les murs étaient tapissés de revues et journaux, des photos de chanteuses et de « stars » vietnamiennes. C'était leur façon à eux d'égayer leur intérieur.
La fille de l'agriculteur, mignonne et coquette, portait toujours un pantalon en satin blanc brillant. Cette jeune fille semblait préférer sortir avec les garçons, des "bạn trai ", alors que le travail des champs revenait à une nièce de l'agriculteur, toujours vêtue sobrement, en pantalon noir des paysannes.

Bác Cả faisait faire à  chị Mười, du  " Tiết canh ", du sang coagulé de poulet. Je me rappelle qu'il y avait un "giỗ", l'anniversaire d'un ancêtre. Les plats étaient présentés sur la table. Le " gia phả ", le registre des familles, en papier pelure dactylographié, était posé à côté. J'étais seule dans la maison. Tout était silencieux. J’entendais le bourdonnement de quelques mouches qui volaient, attirées par les aliments.  Je surveillais et chassais les mouches. J'étais seule devant cet ancêtre invisible. La fumée qui se dégageait des bâtonnets d'encens donnait à la pièce une atmosphère sacrée, quasi -religieuse...

En dernier, La maison rue Phan Châu Trinh, que notre mère a fait construire, vers 1967..


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(*)  en 2007 :  Novotel, et le détour, c'est la rue Hồ Tùng Mậu. 08/2007

Le già làng de Đơn Dương, de l'ethnie Koh Lach nous confirme que les femmes se limaient les 4 dents de devant; et portaient des  boucles d'oreilles très lourdes, d'où l'expression "cà răng căng tai.



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